L'EST REPUBLICAIN 2002 :
Saez, retour en scène
Commencée à Dijon, "
sa " ville, cette seconde tournée du musicien prodige fera étape,
après le Zénith de Paris, à Nancy et Strasbourg.
- L'un de tes clips a été censuré !
- Dans l'univers de " Loft Story " et compagnie, je trouve normal
qu'une chaîne qui emploie des call girls pour jouer la comédie
en prime time, se permette de censurer des mots de la langue française.
Parce qu'en plus la censure portait sur le texte de la chanson. Finalement,
ça n'a servi à rien qu'il y ait eu Gainsbourg.
" Ni à la mode, ni connoté "
- Tu ne donneras donc pas deux concerts par ville, l'un acoustique, l'autre
électrique, comme prévu.
- On va tourner beaucoup plus que ce qu'on a pu faire. On va revenir dans d'autres
formations. J'ai toujours ce projet d'une seconde tournée. Il se peut
donc qu'en mars, avril, on la fasse en version acoustique dans les mêmes
villes. Les concerts que je donne, actuellement, sont rock. Je jouerai malgré
tout des titres moins électriques du dernier album mais ils changeront
de soir en soir. Je pourrai voir l'intérêt des gens pour ces chansons-là.
J'ai été scié à La Cigale et à Nyons par
l'accueil fait à " Je veux qu'on baise sur ma tombe ", par
exemple. Tout le monde chantait, plus que sur " Sauver cette étoile
", un titre du précédent album. Je ne m'y attendais pas du
tout et je trouve ça très agréable.
- Quelques mois après sa sortie, tu te sens toujours aussi bien dans
ton nouveau disque ?
- Je pense qu'il constitue un élément très très
important de ma vie et qu'il le restera... Un album majeur de mon histoire !
Je le dis avec un peu de prétention mais je pense qu'il restera parce
qu'il est riche, parce qu'il faut du temps pour rentrer dedans. Je le réécoute
et il me fait toujours le même effet. Il n'est ni à la mode, ni
connoté. Je le trouve vrai et c'est le plus important.
" Entre le meilleur et le pire "
- Tu interprètes sur scène " Fils de France ", écrit
entre les deux tours des présidentielles ?
- Oui ! Sincèrement, ce n'était même pas dirigé parce
que la politique ne m'intéresse pas. C'était une façon
de remémorer qu'on est un pays d'accueil, que c'est ce qui a fait la
richesse de ce pays. On ne doit pas l'oublier. Il faut se calmer avec la paranoïa,
le matraquage sur l'insécurité et le reste. Encore une fois les
sociétés de HLM, donc l'état, gagnent de l'argent. C'est
l'état qui ne va pas réparer les ascenseurs, qui laisse les gens
croupir dans un cadre infecte sans s'en prendre aux symptômes. La façon
occidentale de soigner la maladie est bizarre. Quand le virus a gangrené,
on peut prendre des antibiotiques, ça ne change rien. Pour ne pas avoir
un rhume, on met une écharpe. Culturellement, on en est plutôt
à prendre le médicament et ne pas anticiper. Pour une écharpe,
il faut investir mais fabriquer un médicament coûte beaucoup plus
cher. C'est pénible. Si un pays oublie le social, la prévention,
il n'a rien compris.
- Tu as eu d'autres coups de colère qui t'ont fait écrire ?
- Je travaille beaucoup sur les textes de mon livre et du prochain disque. Il
faut s'y mettre. La dernière chanson que j'ai écrite est plus
sur la trajectoire, les choix qu'on fait dans une vie, cette difficulté
qu'on a à rester entre le meilleur et le pire. J'ai l'impression que
chacun dans sa vie retrouve le paradoxe qui habite la société.
- Tu as choisi de commencer la tournée par Dijon, ta ville.
- C'est important et ça a lieu dans le cadre d'un festival plein d'ambition
qui se monte. La mairie est passée à gauche et ça se sent
!
- Tu attaques cette tournée dans une mentalité différente
de la première.
- J'ai une envie de donner encore plus, beaucoup plus fort. J'ai accepté
l'idée d'un total don de soi dans la vie que j'ai choisie. Réellement
sur la scène et ailleurs. Tout ça après des réflexions
sur le monde et sur mon existence, le chemin que j'avais choisi de prendre et
pourquoi. Alors je persévère et même de façon beaucoup
plus extrémiste.