INTERVIEW RFI MUSIQUE 2000 :
Ce jeune con de Saez
Dans le bouquet de jeunes artistes rock qui fleurissent en France, le premier
album de Saez "Jours étranges" ne dépareille pas.
Le disque commence rageur et rugueux : "Violence, puissance, inconscience/Entrer
dans le monde de l'intolérance/Et ça fait de l'audience pour le
peuple de France" ou "Sauver cette étoileî ou "Puisqu'on
est jeune et con, puisqu'ils sont vieux et fous, puisque des hommes crèvent
sous les ponts, mais ce monde s'en fout". Tout cela agrémenté
de guitares lourdes et d'une voix de chat écorché. Damien Saez
prend un mauvais départ dans la vie avec sa gueule de jeune premier et
des slogans à trois francs six sous. Encore un jeune innocent dont la
maison de disques ne fera qu'une petite bouchée de pain après
avoir multiplié la vente des siens...
Et puis, et puis... la "valeur" artistique du jeune Dijonnais apparaît
au fur et à mesure des chansons qui suivent. Le rock grumeleux cher à
Dolly ou à Dyonisos ses collègues de scène, laisse place
à des mélodies plus soyeuses. "Montée là-haut",
homélie en arpège à une femme disparue. "Rock'n Roll
Star" farandole ironico-rock sur les lieux communs du star-system dans
lequel Saez prend garde de ne pas se vautrer. Et enfin une reprise aussi surprenante
que réussie du standard de jazz "My Funny Valentine"; "Parce
que mes parents écoutaient beaucoup de jazz à la maison et que
j'adore la version de Chet Baker " explique t-il.
Avec l'illustre chanteur-trompettiste, Saez partage au moins une frimousse d'ange
et une inexplicable fragilité. Peut-être un peu trop tendre, peut-être
un peu trop franc pour ce monde de Tartuffe. Mais il est heureux que dans la
cacophonie ambiante un tel talent ait la "voix" au chapitre.
Frédéric Garat