ROCK & FOLK MARS 2002 :
En 1999, son 1er album connut un joli succès
(200 000 exemplaires) entériné par une tournée affirmant
son personnage gentiment provocateur.La qualité première de Damien
Saez est son aplomb: après avoir pris des accents rebelles tout en restant
dans un cadre très policé,il renoue pour son second essai avec
le concept "seventies" du double (voire triple) album, puisque les
deux CD proposés s'éternisent sur 140mn. Qui dit mieux? Il faudrait
être un petit génie pour tenir une telle distance,et Saez,malgré
une habileté incontestable... La publication de certains de ses textes
par Actes Sud ne saurait cautionner une quelconque dimension poétique:son
engagement naïf prête à sourire("Trop d'argent trop de
banques/Trop de guerres pour la paix/Trop d'enfants qui crèvent"),ses
hardiesses sexuelles ne dépassent pas la plaisanterie de potaches en
chaleur("Mets ta langue où tu sais/Non ne t'arrête pas/Continue
de lécher"-"J'Veux Qu'On Baise Sur Ma Tombe").
Musicalement,il bénéficie d'un sens mélodique et d'une
voix douce qu'on peut trouver agréable,mais on ségare et on s'ennuie
entre ses dérives néo-symphoniques(concentrées sur le second
CD,fastidieux) et ses flambées néo-rock où il s'efforce
de faire le méchant("j'veux du nucléaire","solution").La
flopée de musiciens,producteurs et arrangeurs anglo-saxons bardés
de référence dont sa maison de disques l'a entouré ne change
rien à l'affaire.Et il a beau s'affirmer très rock,il ne dépasse
pas le stade du Canada Dry à usage d'un grand public qui se laisserait
séduire par ses artifices et quelques ballades plaisantes("No Place
For Us","So Gorgeous").