CRITIQUE DEBBIE UNIVERSALMUSIC SEPTEMBRE 2004 :
Un tram nommé Debbie.
Des docks et du désert. La cité. Du céleste et des fosses
communes. C'est le chant des Indiens qu'on entend là-bas, et le blues
qui nous tient. Des néons rouges. Des loups qui dansent autour d'un feu
de chair.
Il y a un personnage dans Substance Mort de Philip K. Dick qui porte un "costume
brouillé" pour ne pas se faire repérer. Le tissu du costume
est fait d'une multitude d'écrans où apparaissent sans cesse toutes
les images possibles, toujours changeantes. Ce chatoiement trompe l'ennemi potentiel
et permet au type de rester libre.
Saez, son costume brouillé, c'est God Blesse-Katagena : une projection
de tout ce qu'il est, sera, pourrait être. Un rêve de liberté
où il serait "plusieurs lui-même" en même temps.
Un moyen de ne pas se faire définir trop jeune. Le prix pour plus de
liberté plus longtemps.
Mais on est toujours rattrapé par ce qu'on est au fond.
Qu'il le veuille ou non, Saez est un auteur populaire : il ne plaisante pas
avec les émotions.
Dès qu'il s'agit d'émotions, il passe en noir et blanc. C'est
Gabin dans Le jour se lève : dos au mur...
Lui, il dirait qu'il aime "quand ça chante vraiment".
Il dirait Doisneau, Brel, Piaf... encore le noir et blanc. Avec comme un regret
de ne plus pouvoir, aujourd'hui, utiliser la même pellicule quand il le
faudrait...
Il y a des jours où l'époque et le milieu doivent lui peser...
J'imagine...
... Saez descend à la mine voir ce qu'il y a au fond... et s'y réfugier.
Les fosses ont des noms : Marie, Marilyne, Marta, Debbie... Longue descente.
Obscurité. Solitude. Au fond, c'est nu qu'on travaille.
Dans le noir, il finit par tomber sur sa veine rock préférée
: une profonde, pas facile à exploiter... que du charbon bleu nuit et
du diamant aile-de-corbeau.
Quand il ramène ça à la surface, ça crame.